Article publié dans le bulletin de la Chapelle Saint Bernard du 13 janvier 2013
La civilité est la vertu qui engendre la vraie courtoisie, disait Fénelon, et selon le Pape Léon XIII elle prédispose les esprits à la sagesse afin de suivre la lumière de la vérité. Malheureusement cette vertu sociale tend à disparaître depuis la révolution culturelle des années 60 comme l’explique Marian T. Horvat. Alors que le gentleman catholique du passé savait mesurer ses actes et ses paroles, l’homme moderne a plutôt tendance à louer et à rechercher ce qui est spontané et facile. Il traite chaque homme, femme ou enfant de façon égale. Au contraire la civilité conduisait le gentleman à honorer son prochain avec l’honneur et le respect qui lui est dû selon son sexe, son rang et sa profession.
Ces choses-là était jadis enseignées dans les écoles catholiques où l’on trouvait de nombreux manuels de civilité. Grâce à Dieu, et au zèle de nombreux éducateurs, ils reviennent à l’honneur dans de nombreux établissements catholiques traditionnels en particulier aux Etats-Unis ou au Brésil. Or ces manuels s’inspirent souvent d’anciens ouvrages français qui témoignent que notre doux pays fut en son temps le pays de la courtoisie et de la galanterie. Il nous faut hélas parler au passé, car force et de constater que nous sommes tombés assez bas en ce domaine.
Nous souhaitons apporter notre modeste contribution à cette noble et belle tâche de l’éducation de la jeunesse. A ce titre, nous proposerons maintenant et régulièrement dans les bulletins à suivre quelques extraits de l’ouvrage de Marian Horvat paru en anglais, Catholic Manual of Civility. Vous voudriez bien être indulgent pour la traduction faite par nos soins et donc bien imparfaite, mais qui se veut le plus fidèle au texte original. Nous inclurons quelques commentaires et notes. Commençons aujourd’hui par le chapitre sur la salutation.
Notons toutefois qu’il ne s’agit pas de tout prendre au pied de la lettre. Les us et coutumes varient avec le temps et selon les lieux. Ceci étant dit, il ne s’agit pas de suivre le monde quand il part à la dérive. De tout temps, le christianisme, lorsqu’il est profondément vécu en esprit et en vérité, c’est-à-dire dépouillé de tout pharisianisme, influe sur le comportement des individus en privé comme en société. Dans nos sociétés autrefois chrétiennes, il a contribué de façon magistrale au raffinement des moeurs. Cela n’est certes pas à oublier.... et encore moins à négliger.
“La salutation est un signe extérieur qui témoigne de l’estime, du respect ou de la cordialité que nous manifestons envers une personne. Elle révèle et exprime nos sentiments. Saluer ceux que nous connaissons est un devoir de charité. (...)
La salutation donne une première impression, positive ou négative, aux personnes que nous rencontrons. Aussi depuis sa plus tendre enfance, une jeune personne devrait être instruite des différentes façons de saluer quelqu’un correctement. Ne pas répondre à une salutation ou marquer quelque hésitation peut indiquer que la personne ne possède pas encore l’habitude de la courtoisie. (...)
La révérence ou le baise-main sont encore en vigueur dans certaines cérémonies ou assemblée formelle. et tout gentleman devrait savoir les pratiquer. Malheureusement, du fait des pratiques égalitaristes qui prévalent de nos jours, de nombreux usages anciens ont disparu tel le port du chapeau et les diverses façons de saluer qui en découlent .”
On notera que notre liturgie traditionnelle a conservé certains usages qui autrefois se pratiquaient en société. Cela se comprend aisément puisque la liturgie est le culte public de l’Eglise, célébrée en la société du Christ, de ses saints et de nos frères dans la foi. A chacun d’eux sont dus les hommages selon leur rang et dignité. Le port de la barette ou la pratique des baisers liturgiques en sont des exemples édifiants. La liturgie est un acte d’adoration et un acte social par essence. Il ne faut donc pas s’étonner d’y trouver un protocole et des marques d’honneur, de respect et de courtoisie. Les clercs et les servants laïcs (qui tiennent la place des clercs dans la liturgie) auront à coeur de s’en souvenir. Cela ne peut qu’ affecter leur façon de se conduire en société. Même dans l’ordre des moeurs, la liturgie est pédagogue et éducatrice.