Par Daniel Bouthier
« Le rugby : école de la vie », l’affirmation est fréquente, c’est même devenu l’un des slogans au sein de la Fédération Française de Rugby. Pour autant il est judicieux d’examiner plus finement qu’elles sont les valeurs véhiculées par le rugby et à quelles conditions toutes ou parties de celles-ci ont lieux d’être visées et peuvent être développées dans une perspective éducative à l’école.
Le rugby dans sa forme moderne a émergé et s’est développé comme outil d’éducation dans les collèges anglais avant de dépasser le cadre scolaire et de se « sportiviser ». Inspiré de jeux ancestraux, dont on retrouve des traces dès l’antiquité, et subissant des variations selon les époques et les cultures, le rugby dans sa forme initiale renvoie à un « esprit du jeu ».
Le rugby dans sa forme moderne a émergé et s’est développé comme outil d’éducation dans les collèges anglais avant de dépasser le cadre scolaire et de se « sportiviser ». Inspiré de jeux ancestraux, dont on retrouve des traces dès l’antiquité, et subissant des variations selon les époques et les cultures, le rugby dans sa forme initiale renvoie à un « esprit du jeu ».
L’esprit du jeu
Ce dernier reste plus ou moins implicite, mais l’analyse socio-historique de l’évolution du règlement qui matérialise cet esprit et, des discours des dirigeants de l’International Rugby Board, qui légifèrent à ce propos, permet de l’expliciter :
- se confronter à la variété et la rudesse des oppositions guerrières. Affronter l’ennemi par les fantassins, le contourner par la cavalerie, ou l’atteindre sur ses arrières par l’artillerie comme au temps des romains, mais encore des troupes napoléoniennes, reste l’une des trois modalités collectives d’attaque en rugby (jeu à la main groupé ou déployé et jeu au pied) ;
- préserver l’intégrité physique des pratiquants. Le seuil de tolérance des dommages acceptables évoluant avec la société (de la fracture osseuse au XIXème siècle à l’hématome aujourd’hui) et les institutions de pratique (école, club) ;
- conserver le caractère ludique du jeu, du fait de l’égalité des chances (assurée par l’application uniforme du règlement) et, de l’incertitude du résultat (supposant un relatif équilibre des équipes en opposition).
Même si la mondialisation en cours du jeu (instauration de la Coupe du monde), sa marchandisation (avènement du professionnalisme), sa spectacularisation (influence des exigences télévisuelles) viennent aujourd’hui accélérer et orienter les évolutions à venir.
Quelles valeurs sont alors mises en exergue par ce jeu.
Sport collectif d’opposition frontale, le rugby suppose la coopération entre partenaires, mais aussi le respect d’autrui à travers l’arbitre et les adversaires (on joue contre mais aussi avec eux). Le combat collectif et les possibilités d’affrontement physique supposent le courage individuel et la solidarité, ce que Daniel Herrero décrit comme le fait de devoir « donner et partager dans le rude ». Accepter donc le choc et la chute pour démarquer un partenaire, conserver ou recouvrer la possession de la balle. L’intelligence tactique pour choisir les solutions individuelles et collectives les plus adaptées au rapport d’opposition du contexte momentané de jeu et la prise d’initiative pour sortir à bon escient des schémas de jeu préétablis. Le goût de l’effort et de l’activité de plein air, pour soutenir malgré la durée des matches, les aléas du score et les intempéries, donc effectivement à nouveau une certaine rudesse ou rusticité. La convivialité qui se manifeste après le match et constitue une véritable « troisième mi-temps », poursuite de la rencontre des autres à travers l’échange souvent festif.
A quelles conditions faire jouer les vertus éducatives du rugby
Comme toutes pratiques sociales, a fortiori lorsque celles-ci deviennent des enjeux lourds de profit (professionnalisation, marchandisation, spectacle sportif télévisuel, etc.), le rugby donne lieu aussi à des comportements dévoyés (tricherie, dopage, brutalité, intolérance, etc.), peu conformes aux finalités éducatives de l’école et aux visées plus générale de développement humain. L’utilisation du rugby dans une perspective éducative suppose donc, une attitude vigilante et critique par rapport aux différentes formes sociales et usages sociaux des pratiques susceptibles de servir de référence aux activités scolaires.Le rugby n’est pas formatif en soi ; mais il peut le devenir dans le cadre d’une stratégie d’enseignement éclairée et maîtrisée.
Celle-ci doit permettre de confronter le pratiquant à l’essence, la spécificité, l’authenticité de la pratique de référence (se sacrifier à travers le choc et la chute au bénéfice du partenaire, se jouer de l’adversaire sur sa dimension faible) dont on va se garantir par la mise en jeu d’un règlement adapté, réduit à quelques règles matérialisant l’esprit du jeu. La règle délimitant ici des degrés de liberté (et de contraintes) collectivement compris et acceptés pour faire jouer la dynamique du jeu et permettre l’engagement de chacun.
Elle doit favoriser l’appropriation de genres techniques socialement accumulés pour :
- choisir en contexte les réalisations motrices les plus adaptées à l’opposition,
- gérer au mieux ses possibilités athlétiques et ses émotions,
- analyser le jeu par la maîtrise des instruments conceptuels et matériels spécifiques,
- participer selon différents rôles sociaux à la vie du jeu (joueur, arbitre, conseiller),
et pour dégager progressivement son propre style de jeu, en fonction de ses goûts et des
ses possibilités.
La Coupe du Monde de Rugby, au-delà de l’impression superficielle
d’uniformisation du jeu, est l’occasion de constater à la fois des évolutions communes (temps de jeu augmentés, « athlétisation » des joueurs, organisation des défenses, etc.) et des traductions différenciées selon les nations .
Ce ne sont pas ainsi les mêmes phases de jeu, formes de jeu, utilisations des joueurs qui sont privilégiées par les uns et par les autres selon leur culture et leur conception de la préparation. Certaines nations vont s’appuyer principalement sur l’organisation en système de jeu a priori et ce sur la succession des différentes phases, tentant de pré-programmer la quasi-totalité de leurs actions, d’autres vont accorder plus d’importance aux adaptations tactiques en jeu aux aléas de celui-ci qui ne manquent pas de survenir.
L’enjeu étant sans doute de parvenir non seulement à un équilibre mais aussi à une articulation optimale entre organisation et adaptation. C'est-à-dire une formation à des systèmes de jeu constituant des trames de variance laissant des espaces aux adaptations tactiques, avec des retours possibles de ces dernières vers les systèmes.
d’uniformisation du jeu, est l’occasion de constater à la fois des évolutions communes (temps de jeu augmentés, « athlétisation » des joueurs, organisation des défenses, etc.) et des traductions différenciées selon les nations .
Ce ne sont pas ainsi les mêmes phases de jeu, formes de jeu, utilisations des joueurs qui sont privilégiées par les uns et par les autres selon leur culture et leur conception de la préparation. Certaines nations vont s’appuyer principalement sur l’organisation en système de jeu a priori et ce sur la succession des différentes phases, tentant de pré-programmer la quasi-totalité de leurs actions, d’autres vont accorder plus d’importance aux adaptations tactiques en jeu aux aléas de celui-ci qui ne manquent pas de survenir.
L’enjeu étant sans doute de parvenir non seulement à un équilibre mais aussi à une articulation optimale entre organisation et adaptation. C'est-à-dire une formation à des systèmes de jeu constituant des trames de variance laissant des espaces aux adaptations tactiques, avec des retours possibles de ces dernières vers les systèmes.
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