vendredi, mars 02, 2007

Du jeûne selon Saint Basile ( suite )

Mais reprenons l’histoire de l'antiquité du jeûne, et montrons comment tous les saints, le recevant les uns des autres comme un patrimoine, il s'est transmis jusqu'à nous de pères en fils par une succession non interrompue. On ne connaissait point le vin dans le paradis terrestre, on n'y tuait point d'animaux, on n'y mangeait point de chair. C'est après le déluge que le vin a été connu ; c'est après le déluge qu'il a été dit aux hommes: "Nourrissez-vous de tout ce qui a vie et mouvement ; je vous l'abandonne, comme les légumes et les herbes de la campagne "( Gen. 9. 8. ).
C'est lorsqu'on a désespéré de leur perfection, qu'on leur a accordé cette jouissance. Ce qui prouve qu'on n'avait aucune expérience du vin , c'est que Noé en ignorait l'usage. Cette liqueur n'avoir pas encore été introduite dans le monde, et les hommes n'étaient pas accoutumés à s'en servir. Comme donc Noé n'avait vu personne en boire, et qu’ il ne l'avait pas éprouvé lui-même , il se trouva pris sans qu'il pût s'en garantir. Noé planta la vigne, dit l'Ecriture , il but de son fruit , et s'enivra ( Gen. 9. 20. ) : non qu'il fût coupable, mais il ignorait la quantité de vin qu’on pouvait se permettre. Ainsi les hommes n'ont connu le vin qu'au sortir du paradis terrestre, tant la dignité du jeûne est ancienne.

Nous savons que c'est par le jeûne que Moïse s'est approché de la montagne. Jamais il n'eût osé monter sur cette cime fumante, jamais il n'eût eu la hardiesse de pénétrer dans la nue , s'il n'eût été muni du jeûne ( Exode. 24. 18.—34. 28. ). C'est le jeûne qui lui a fait recevoir la loi écrite de la main de Dieu même sur des tables. Au haut de la montagne le jeûne obtenait du Seigneur la loi, tandis que là-bas la gourmandise précipitait le peuple dans tous les excès de l'idolâtrie. Le peuple s'assit pour manger et pour boire, et il se leva pour jouer (Exode. 32. 6 ). Ce qu'un fidèle serviteur avait obtenu en priant et en jeûnant durant quarante jours, la seule intempérance le rendit inutile : et les tables écrites de la main de Dieu qu'avait reçues le jeûne, l'excès de vin les brisa, le prophète ne jugeant pas qu’un peuple ivre fût digne de recevoir du Seigneur ce riche trésor. Un peuple que Dieu avait instruit par les plus grands prodiges, fut plongé par la gourmandise dans l’idolâtrie des Egyptiens. Faites le parallèle , et voyez comment le jeûne nous approche de Dieu, comment les délices nous perdent.

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