mercredi, février 28, 2007

De l'antiquité du jeûne...

et de son caractère vénérable, selon Saint Basile. (Suite du sermon )
Le jeûne est une faveur ancienne, qui ne vieillit pas avec le temps, mais qui se renouvelle sans cesse , toujours dans sa première vigueur. Croyez-vous que je tire de la loi l'antiquité du jeune ? Il est plus ancien que la loi même; et vous en conviendrez, si vous voulez écouter ce que je vais vous dire. Ne pensez pas que le jour de propitiation, que les Israélites célébraient le dixième jour du septième mois, soit l'origine du jeûne : parcourez l'histoire, et remontez plus haut pour trouver son antiquité. Ce n'est pas une invention nouvelle ; c'est un trésor qui nous a été transmis par nos premiers ancêtres. Tout ce qui est fort ancien est vénérable. Respectez l'ancienneté du jeûne qui a commencé avec le premier homme , qui a été prescrit dans le paradis terrestre. Adam reçut ce premier précepte : "Vous ne mangerez pas le fruit de l'arbre de la science du bien et du mal" ( Gen. 2. 17. ). Cette défense est une loi de jeûne et d'abstinence. Si Eve se fût abstenue de manger du fruit de l'arbre , nous n'aurions pas maintenant besoin de jeûner. "Ce ne sont pas ceux qui sont en santé , mais ceux qui sont malades, qui ont besoin de médecin "(Matth. 9. 12.). Le péché nous a fait des blessures, guérissons-les par la pénitence : or la pénitence sans le jeûne est inutile. "La terre maudite vous produira des ronces et des épines" ( Gen. 3. 17.). Vous êtes ici-bas pour vivre dans la tristesse et non dans les délices. Satisfaisez à Dieu par le jeûne.

Le jeûne est une fidèle image de la vie du paradis terrestre, non-seulement parce que le premier homme vivait comme les anges, et qu'il parvenait à leur ressembler en se contentant de peu; mais encore parce que tous ces besoins, fruits de l’industrie humaine , étaient ignorés dans le paradis terrestre. On n'y buvait pas de vin , on n’y tuait pas d'animaux , on n'y connaissait pas tout ce qui tourmente l'esprit des malheureux mortels. C'est parce que nous n'avons pas jeûné , que nous avons été chassés du paradis : jeûnons donc pour y rentrer. Ne voyez-vous pas que c'est le jeûne qui a ouvert à Lazare l’entrée du ciel ? N’imitez pas la désobéissance d'Eve : ne suivez pas les conseils du serpent perfide, qui lui suggéra de manger du fruit de l'arbre pour flatter ses sens. Ne vous excusez ni sur votre faiblesse , ni sur votre santé : ce n'est pas à moi que vous alléguez des excuses, mais à celui qui connaît tout. Vous ne sauriez jeûner , dites-vous ; mais vous savez bien, manger sans aucune retenue , et user votre corps en le chargeant de nourritures. Toutefois les médecins ordonnent à leurs malades, non des mets variés , mais une diète rigoureuse. Quoi ! vous pouvez vous incommoder en mangeant, et vous ne pouvez vous abstenir de manger ! Passe-t-on mieux la nuit après s'être livré aux excès d'un grand festin qu'après s'être contenté d'un repas frugal ? Chargé de vin et de viande , vous vous tourmentez dans votre lit, vous vous tournez de tous côtés sans savoir quelle position choisir. Dira-t-on qu'un pilote conduit plus aisément un vaisseau chargé outre mesure , qu'un vaisseau leste et dégagé. Le moindre soulèvement de flots submerge le navire que son propre poids accable déjà : celui qui n'a qu'une charge médiocre surnage aisément, parce que rien ne l'empêche de s'élever au-dessus des vagues. Ainsi les corps appesantis par les viandes deviennent la proie des maladies : au lieu que ceux qui ne prennent qu'une nourriture sobre et légère, échappent aux menaces d'une maladie, comme à un soulèvement de flots , et dissipent bientôt les maux actuels qui viennent les assaillir comme un violent orage. Vous croirez donc qu'il y a plus de peine à être assis qu'à courir, à se tenir en repos qu'à lutter , puisque vous dites que les délices conviennent mieux aux personnes infirmes qu'une diète raisonnable ? La chaleur naturelle digère bien une quantité modique de nourriture et en forme une bonne substance; mais si on lui donne plus d'aliments qu'elle n'en saurait porter , elle ne peut les digérer entièrement ; et de-là viennent toutes les maladies.

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