mercredi, avril 25, 2012

La France et le Sacré Coeur


En 1889, le Père Victor Alet, s.j. publiait La France et Le Sacré Coeur, dans l'espoir de voir la France revenir à son Dieu. Plus d'un siècle après, il semble que cet espoir fut vain, car les choses n'auront été que de mal en pis. Mais le temps de Dieu n'est pas notre temps, et en cette année 2012 où nous commémorons le sixième centenaire de notre grande sainte et héroïne nationale, il nous est encore et toujours permis d'espérer. Espérer sans nous illusionner pour autant. Nous pensons que la France n'a pas encore toucher le fond et les élections à venir ne vont certainement pas nous rassurer dans le court terme. Mais peut-être est-ce là ce que Dieu attend de la France, qu'elle touche le fond, avant de la relever - si du moins tel est son bon plaisir ? Nous verrons bien... ou bien ce seront nos enfants ou petits-enfants qui le verront. D'ici là, qu'il nous soit permis de continuer à espérer en apportant nos suffrages au Divin Coeur de Jésus tout en implorant l'intercession de sainte Jeanne d'Arc. Déjà en son temps, on pensait que c'était la fin de la France - Finis Galliae. Or il n'en fut rien. 


Prologue de La France et le Sacré Coeur
par le R.P. Victor Alet

Les trois 89

    Nous prions le lecteur de fixer un moment sa pensée sur ces trois dates, dont le rapprochement nous semble remarquable. Elles serviront de principaux jalons à l’étude religieuse et patriotique où nous allons nous engager.
En 1689, Notre-Seigneur-Jésus-Christ, comme nous le raconterons, demande formellement au roi de France, par l’organe de la bienheureuse Marguerite-Marie, de se consacrer avec son royaume au divin Coeur, et lui promet en retour mille bénédictions. La consécration nationale n’a pas eu lieu, pour des causes imparfaitement connues ici.
En 1789, juste un siècle après, c’est la Révolutio, représailles terribles, bien qu’au fond miséricordieuses, de l’amour offensé. De tous côtés s’élève alors un cri de détresse vers le Coeur sacré, trop longtemps méconnu. Mais ce ne sont là que des hommages individuels. Le voeu même de Louis XVI, déjà détrôné quand il le formula, n’est pas la consécration solennelle que notre Dieu exige.
En 1889, que verrons-nous ? Sur les hauteurs de Montmartre s’achève le splendide monument de nos réparations pour le passé et de notre dévouement pour l’avenir: Gallia poenitens et devota. Est-ce l’aurore de notre complète réconciliation avec Celui que nos pères se faisaient gloire d’appeler leur roi ? Pourquoi pas ? 1789 a déchaîné la tempête préparée par de trop longues prévarications, et proclamé audacieusement “les droits de l’homme”, au détriment des droits imprescriptibles de Dieu: pourquoi 1889 ne serait-il pas au moins le prélude de notre pacification sociale et de la reconnaissance publique des droits de Dieu, au profit des légitimes droits de l’homme ? Quel vrai Français refusera de s’associer à cet espoir, et ne s’écriera d’avance, avec Israël repentant: “ Renouons avec le pacte de l’antique alliance !” Ineamus foedus cum Domino Deo Israel !



Vœu par lequel Louis XVI a dévoué sa Personne, sa Famille et  son Royaume
au Sacré-Cœur de Jésus.

Vous voyez, ô mon Dieu, toutes les plaies qui déchirent mon cœur, et la profondeur de l'abîme dans lequel je suis tombé. Des maux sans nombre m'environnent de toutes parts. A mes malheurs personnels et à ceux de ma famille, qui sont affreux, se joignent, pour accabler mon âme, ceux qui couvrent la face du royaume. Les cris de tous les infortunés, les gémissements de la religion opprimée retentissent à mes oreilles, et une voix intérieure m'avertit encore que peut-être votre justice me reproche toutes ces calamités, parce que, dans les jours de ma puissance, je n'ai pas réprimé la licence du peuple et l'irréligion, qui en sont les principales sources ; parce que j'ai fourni moi-même des armes à l'hérésie qui triomphe, en la favorisant par des lois qui ont doublé ses forces et lui ont donné l'audace de tout oser.

Je n'aurai pas la témérité, ô mon Dieu, de me justifier devant vous ; mais vous savez que mon cœur a toujours été soumis à la foi et aux règles des mœurs ; mes fautes sont le fruit de ma faiblesse et semblent dignes de votre grande miséricorde. Vous avez pardonné au roi David, qui avait été cause que vos ennemis avaient blasphémé contre vous ; au roi Manassès, qui avait entraîné son peuple dans l'idolâtrie. Désarmé par leur pénitence, vous les avez rétablis l'un et l'autre sur le trône de Juda ; vous les avez fait régner avec paix et gloire. Seriez-vous inexorable aujourd'hui pour un fils de saint Louis, qui prend ces rois pénitents pour modèles, et qui, à leur exemple, désire réparer ses fautes et devenir un roi selon votre Cœur ? 0 Jésus-Christ, divin Rédempteur de toutes nos iniquités, c'est dans votre Cœur adorable que je veux déposer les effusions de mon âme affligée. J'appelle à mon secours le tendre Cœur de Marie, mon auguste protectrice et ma mère, et l'assistance de saint Louis, mon patron et le plus illustre de mes aïeux.

Ouvrez-vous, Cœur adorable, et par les mains si pures de mes puissants intercesseurs, recevez avec bonté le vœu satisfactoire que la confiance m'inspire et que je vous offre comme l'expression naïve des sentiments de mon cœur.

Si, par un effet de la bonté infinie de Dieu, je recouvre ma liberté, ma couronne et ma puissance royale, je promets solennellement :

1° De révoquer le plus tôt possible toutes les lois qui me seront indiquées, soit par le pape, soit par quatre évêques choisis parmi les plus vertueux de mon royaume, comme contraires à la pureté et à l'intégrité de la foi, à la discipline et à la juridiction spirituelle de la sainte Eglise catholique, apostolique, romaine, et notamment la constitution civile du clergé ;

2° De rétablir sans délai tous les pasteurs légitimes et tous les bénéficiés institués par l'Eglise, dans les bénéfices dont ils ont été injustement dépouillés par les décrets d'une puissance incompétente, sauf à prendre les moyens canoniques pour supprimer les titres de bénéfices qui sont moins nécessaires, et pour en appliquer les biens et revenus aux besoins de l'Etat ;

3° De prendre, dans l'intervalle d'une année, tant auprès du pape qu'auprès des évêques de mon royaume, toutes les mesures nécessaires pour établir, suivant les formes canoniques, une fête solennelle en l'honneur du Sacré Cœur de Jésus, laquelle sera célébrée à perpétuité dans toute la France, le premier vendredi après l'octave du Saint-Sacrement, et toujours suivie d'une procession générale, en réparation des outrages et des profanations commis dans nos saints temples, pendant le temps des troubles, par les schismatiques, les hérétiques et les mauvais chrétiens ;

4° D'aller moi-même en personne, sous trois mois à compter du jour de ma délivrance, dans l'église Notre-Dame de Paris, ou dans toute autre église principale du lieu où je me trouverai, et de prononcer, un jour de dimanche ou de fête, au pied du maître-autel, après l'offertoire de la messe, et entre les mains du célébrant, un acte solennel de consécration de ma personne, de ma famille et de mon royaume au Sacré Cœur de Jésus, avec promesse de donner à tous mes sujets l'exemple du culte et de la dévotion qui sont dus à ce Cœur adorable ;

5° D'ériger et de décorer à mes frais, dans l'église que je choisirai pour cela, dans le cours d'une année à compter du jour de ma délivrance, une chapelle ou un autel qui sera dédié au Sacré Cœur de Jésus, et qui servira de monument éternel de ma reconnaissance et de ma confiance sans bornes dans les mérites infinis et dans les trésors inépuisables de grâces qui sont renfermés dans ce Cœur sacré ;

6° Enfin, de renouveler tous les ans, au lieu où je me trouverai, le jour qu'on célébrera la fête du Sacré-Cœur, l'acte de consécration exprimé dans l'article quatrième, et d'assister à la procession générale qui suivra la messe de ce jour.

Je ne puis aujourd'hui prononcer qu'en secret cet engagement, mais je le signerais de mon sang s'il le fallait, et le plus beau jour de ma vie sera celui où je pourrai le publier à haute voix dans le temple.

0 Cœur adorable de mon Sauveur ! Que j'oublie ma main droite et que je m'oublie moi-même, si jamais j'oublie vos bienfaits et mes promesses, et cesse de vous aimer et de mettre en vous ma confiance et toute ma consolation. Ainsi soit-il. 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Un père jésuite n'ayant pas encore subi la réforme arrupienne...